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La proxémie
Le terme de proxémie a principalement
été développé par Edward T HALL
[30]. Il s’agit d’une approche etho et ethno-méthodologique
des situations de communication. En reprenant différent
travaux d’éthologie. Edward T HALL constate que dans
les relations entre les animaux, ils semblent y avoir des
sphères invisibles qui définissent une bulle
autour de chaque individu. Les rapports de proximité
entre les différents membres régulent en partie
le comportement de chacun. Il découpe l’espace autour
des individus en catégorie de distances : la distance
de fuite et la distance critique.
Ces distances varient entre les espèces
et dans les rapports entre espèces. De plus entre en
jeu le fonctionnement social des espèces (il distingue
les espèces de contact des espèces de non- contact).
La distance de fuite
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L’animal fuit lorsqu’un
individu s’approche. |
La distance critique
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Bulle dans laquelle
l’animal est acculé et où il est à
portée de son éventuel agresseur. N’ayant
plus le choix, plutôt que de fuir il attaque à
son tour pour tenter le tout pour le tout. |
La distance personnelle
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Les individus se côtoient
sans changement d’attitude tant qu’aucun des deux n’empiète
l’espace de l’autre. |
La distance sociale
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L’individu perd le
contact avec son groupe et se trouve en situation d’anxiété,
de détresse psychologique. |
Illustration : Tableau récapitulatif
des distances proxémiques chez les animaux
Ces distances sont variables, par exemple
en situation de surpopulation, on note une légère
diminution de ces distances mais en contre partie augmente
des comportement de stress (montée de l’agressivité
jusqu’à une auto-régulation hormonale pour limiter
les naissances et apparitions de comportement suicidaires
–constat fait au sein de population de rat en laboratoire
et de cervidés en liberté).
Le pas que franchit Edward T HALL, c’est
d’adapter cette dimension cachée aux comportements
de communication humains. Il établit une territorialité
des comportements autour de l’individu (une territorialité
privée) et une territorialité du groupe (territorialité
publique).
Les bulles qui entourent les personnes sont
le produit principalement de deux facteurs : les capacités
perceptives et la dimension psyscho-socio-culturelle de l’individu.
Nous reviendrons plus loin sur ces variations, mais elle permettent
de définir des distances épistémiques
que l’on retrouve dans les groupes et pour tous les individus.
Les variations peuvent être très grandes, mais
leur organisation globale reste la même. Les bulles
s’enroulent dans le même ordre autour de l’individu.
L’absence d’une bulle ou sa quasi inexistence est souvent
une marque de pathologie de l’intégrité psychique
ou corporelle de l’individu. Elle peut aussi être la
marque d’une violation de l’individu par un social répressif
ou agressif (c’est par exemple le cas dans la plus part des
situations d’internement et des situations étouffantes
au propre comme au figuré).
Les bulles de l’homme sont au nombre de quatre,
nous les résumons et les présentons en nous
éloignant du corps de l’individu (voir tableau page
suivante).
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Situation
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Perceptions
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Distance
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Intime
Distance réservée
au contact intime avec son partenaire amoureux et ses
enfants. Toute autre présence constitue une agression
de l’intégralité individuelle. Même
pour les personnes habilitées, cette zone n’est
pas vraiment pratiquée dans les espaces publics
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Proche :
Corps
à corps, acte sexuel, acte affectif intime (calin,
baiser…), bagarre.
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Vision
parcellaire et déformée.
Olfactive,
thermique et musculaire de l’autre.
Possibilité
de toucher toutes les parties du corps
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Contact
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Eloignée :
Intimité,
relations familiales (entre enfants et parents) et amoureuses.
En dehors de ces cas, cette sphère n’est pas
pénétrée dans un espace social
public sans stress ou gène.
Distance
du secret
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Visualisation
déformée du visage (à cette distance
on louche)
Le contact
haptique (toucher de la main) est limité par
la longueur des membres.
Perte
du contact thermique, mais maintien des contacts olfactifs
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15-45cm
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Personnelle
Zone limites de non contact
physique direct. Elle marque l’affectivité et
la proximité quotidienne des individus dans leur
vie publique.
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Proche :
Contact
marquant l’intimité et l’affectivité des
personnes en public.
Distance
de la confidence.
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Limites
des contacts kinesthésiques par extension des
membres.
Vision
visuelle à sa netteté maximum permettant
de distinguer détails et texture du visage.
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45-75cm
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Lointaine :
C’est
la distance des discussions personnelles entre amis.
Quelqu’un hors champ peu entendre mais en faisant un
effort
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Au-delà
du toucher bras tendu d’un seul individu jusqu’au toucher
bras tendu entre deux individu.
L’ouïe
ne perçoit plus les chuchotement mais les voix
modérée.
Le champ
de vision ouvert avec plus ou moins de netteté
sur tout un corps assis.
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75-125cm
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Sociale
Relations
interpersonnelles directes. Au delà de tout contact
physique directe, jusqu’au limite de portée de
la voix sans effort.
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Proche :
Relations
interpersonnelles être personnes se connaissant
et se côtoyant sur un projet commun (Travail,
réunion informelle…)
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Vision
de pratiquement tout le corps.
La voix
porte et est entendue sans effort.
Il n’y
a plus de contact physique directe.
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1,25-2,10m
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Lointaine :
Relations
interpersonnelles formalisées (entretiens…).
Les positions sont définit par une culture des
règles sociales (Rapports hiérarchiques…).
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Le contact
visuel maintient la permanence du contact.
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2,10-3,60m
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Publique
La prise
de parole est hiérarchisé. Les intervenants
ont un statut d’orateur face à un public.
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Proche :
Le sujet
a la possibilité de fuir. Mise en place d’un
discours oratoire avec effet de voix et choix syntaxiques.
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La voix
doit commencer à être soutenue.
Perte
de la précision des contacts visuels. C’est la
posture qui commence à témoigner du lien
Perte
de l’impression de profondeur
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3,60-7,50m
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Lointaine :
Distance
oratoire. Position entre un orateur et une audience,
un public. Forte implication des prises de parole dans
un dispositif fortement hiérarchisée (meeting,
distance avec les grandes personnalités)
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La vision
fond le détail dans un décor aplani.
Le corps
et la voix ne sont perçu par l’auditoire par
exagérations des intonations et des gestes.
Théâtralité
des postures et de l’élocution. |
Au delà
de 7,50m
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Les
distances chez l’homme d’après le chapitre du même
nom in " La dimension cachée "
(Edward T HALL) [30]
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