Accueil
Mozéclic
Inter-Activités
Sites en stock
Funstuff
Aperoller
Blablas
What's up Doc
Zone de téléchargement
Sur tes pas

Spécial Thèse


-Introduction-

1-De la difficulté d'écrire linéairement sur le multimédia et l'interactivité
2-Terminologie
3-Entre le signal et sa signification : vers les retrouvailles médiologiques des contenus et de la technique
4-La problématique
5-Les hypothèses
6-La méthodologie :Modélisation

 

Recherche dans la these
Contact
Site Info
     

<<précédent

Introduction 2/6

suivant>>

 

2-Terminologie

Avant d’engager plus précisément l’état de cette réflexion, il n’est pas inutile de circonscrire le sens que j’attribue à certains concepts. De premières lectures sur des traces de cette rédaction ont fait apparaître que certains termes prêtaient à de multiples interprétations parfois contraires. Les origines de ces confusions sont diverses. Elles tiennent parfois à une utilisation différente selon les champs épistémologiques auxquels se réfèrent le lecteur. A d’autres moments, ce mélange est lié à l’usage de faux amis selon une interprétation francophone et anglophone. Enfin certains termes sont parfois le fruit d’une interprétation toute personnelle. Que mon usage terminologique soit parfois hasardeux, j’en fais volontiers concession, mais je souhaite toutefois éclaircir le sens que je donne à certains concepts afin que le lecteur ne se méprenne pas sur l’usage que j’en fais, et afin que mes définitions propositionnelles lèvent l’obstacle d’une critique procédurale.

2.1 Contenu, représentation et discours

Ces trois termes sont utilisés pour décrire différents niveaux de l’organisation des signes au cours de la médiation.

Le contenu est l’ensemble brut des énoncés potentiellement produits (ou reproduits) dans le dispositif médiatique.

La représentation possède plusieurs significations que je précise au paragraphe suivant . Ici, il s’agit de la représentation comme performance, c’est à dire la mise en scène, l’exécution ou l’interprétation d’un contenu (par conjonction, on dira que la représentation performance est une mise en action).

Le discours est une organisation significative (interprétative) de la représentation.

2.2 Représentation

Le terme de représentation revient souvent au cours de ce texte. Il a trois significations majeures : l’une en tant qu’objet, la seconde comme acte et la troisième comme signification.

  • La représentation comme objet

Dans une première acception du terme, la représentation est un signifiant. C’est la matière du signe, un " representamen ". La représentation est un objet. Cet objet peut être analogique ou digital. Analogique, la forme de la représentation est sensée entretenir des rapports d’homologie ou d’isomorphie avec un référent. Digitale, la représentation entretient un rapport de code, une signification normée avec un référent.

  • La Représentation comme performance

Cette définition de la représentation nous permet simultanément de faire le point sur l’emploi du mot performance.

La performance dont nous parlons est héritée du verbe anglais : " to perform ". Le " Dictionnaire bilingue Harrap’s " [1] le traduit comme verbe d’une action d’exécution (d’un mouvement, d’une tâche, célébration d’un rite, accomplissement d’un devoir…) mais aussi comme une action de représentation publique (jouer une pièce de théâtre, de la flûte, un rôle). La performance anglo-saxonne est donc d’abord une action en cours ou une présentation publique, une mise en scène. Seule une troisième définition s’approche de la définition française de la performance comme résultat. "Le Petit Larousse Illustré" [2] précise d’ailleurs qu’en français, la performance est aussi synonyme d’exploit et de succès.

Le fait d’emprunter ici à l’anglais n’est pas le rejet de l’emploi d’une terminologie francophone, mais bien lié à l’usage. Le verbe anglais et son substantif sont étymologiquement originaires d’un verbe du vieux français : " parformer " qui signifie accomplir. Donc en tout état de cause, notre emploi de " performance " n’est pas un anglicisme pur, il consacre la performance comme acte et non comme résultat.

Dans cet esprit, nous associerons représentation et performance.

La représentation dans ce cas, correspond à la terminologie théâtrale. Le terme de représentation correspondra au déroulement de la mise en scène d’un dispositif (comprenant les acteurs, leurs actes dans la sphère de la médiation ainsi que leur interprétation d’un " texte ", le contenu). Dans le texte nous identifierons cette acceptation terminologique en marquant le mot d’une majuscule : Représentation.

  • La représentation comme processus de symbolisation.

La représentation est enfin un processus de symbolisation.

Nous aurions bien parlé d’une représentation symbole, mais le terme de symbole est marqué du coté linguistique comme une certaine catégorie de signes et du coté de la psychologie comme l’association émotionnelle et affective d’un signe à une signification sans rapport direct avec le signifiant et le référent du signe.

En choisissant de définir la représentation par rapport à un processus de symbolisation, nous nous plaçons dans une perspective beaucoup plus " psychosociale ".

Serge TISSERON précise ce qu’il faut entendre dans ce cas par représentation, et plus exactement par représentation mentale :

Elle est le moyen par lequel, chaque sujet singulier s’approprie ses expériences subjectives du monde. […] La représentation est le résultat d’un travail psychique qui fait également intervenir des émotions - prises dans la " socialisation " - et des comportements sensori-affectivo-moteurs "[3].

Cette représentation n’est pas un objet matériel, tout au plus est-elle le signifié singulier de ce que Dan SPERBER [4] appelle une représentation publique, qui correspondrait à ce que nous avons défini comme la représentation-objet.

Nous nous permettrons parfois de placer indistinctement sous cette définition de la représentation, la représentation mentale et la représentation symbolique. Cet emploi sera présenté dans le texte par l’ajout du qualificatif " mentale " ou " symbolique " (sauf si le contexte ne prête pas à confusion).

2.3 Acteurs

L’utilisation général du terme d’acteur, revêt la conjonction d’un double sens du mot :

  • Acteur est celui qui réalise une performance, il est institué par un faire, un acte.
  • Acteur est celui qui joue un rôle, un autre soi.

Nous assumons au sein de notre hypothèse et par choix épistémologique, que les intervenants dans une situation de médiation sont des acteurs institués par leurs actes, et simultanément que ces actes sont l’interprétation d’un rôle, d’une certaine théâtralité.

Je reviendrais en détail sur ce concept d’acteur qui regroupe dans une approche médiologique de la communication les concepts d’émetteur et destinataire, énonciateur et énonciataire, usagers, utilisateurs…(Voir partie 1 : Dimensions des médiations interactives)

L’acteur de notre problématique est d’une part l’élément dynamique instituant le processus de médiation, mais en même temps, au travers de son rôle, il est lui-même contenu dans la mise en scène de lui-même et de ses actes.

Nous parlerons donc de l'acteur à trois niveaux en utilisant trois termes:

Nous réserverons l'emploi du terme d'acteur, en référant au champ de l'expérience, un individu ou système interprétant ou produisant un contenu symbolique. L'acteur est une réalité de premier ordre selon la terminologie de Paul WATZLAWICK [5]. L'acteur peut-être une personne prenant part au déroulement de la médiation par sa présence directe (utilisateur) ou transmise (dans l'espace ou le temps) par le dispositif (programmeur). Nous verrons aussi que dans certains cas, le dispositif peut-être associé à un acteur dans la mesure où il interprète et produit du contenu symbolique.

L’acteur représenté sera assimilé à un personnage ou plusieurs personnages (selon la forme médiatée).

L’action médiatée de l’acteur au travers de son personnage sera le rôle. Le rôle est ainsi le lien existant entre l'acteur et le personnage.

Si dans une représentation théâtrale ou une situation de communication telle que les décrit Erwing GOFFMAN [6], l'acteur et le personnage font corps, dans l'essentiel des autres médiations, il y a des décalages propres au dispositif de leur réalisation. Par exemple, le cinéma permet de faire jouer dans une même scène deux personnages par un seul et même acteur (qui n'est d'ailleurs pas présent lors de la représentation).

2.4 Dispositif et système

Nous tenons aussi à préciser deux termes qui pourraient apparaître assez proches au cours de cette étude : dispositif et système.

Le dispositif est pris dans une acceptation médiologique. Il désigne l’ensemble actif des constituants de la médiation. C’est à dire qu’il est la conjonction des dimensions des acteurs, du système médiateur (le support et son fonctionnement), ainsi que du contenu organisé au cours de la médiation. Le dispositif est la sphère globale de construction du discours.

L’emploi de système est orienté en règle générale vers le système technique qui constitue le support du contenu médiaté. Néanmoins, dans le cadre de notre introduction épistémologique, nous élargissons l’usage de ce terme lorsque nous abordons les questions relatives au courant cybernétique et au courant systémique.

2.5 Champs et sphères de l’expérience ou du symbolique

Tout d'abord les termes de champs et sphères sont les éléments d'une modélisation, d'une représentation théorique des processus de médiation au travers d'une métaphore spatiale. Nous constituerons ainsi un territoire de la médiation sur lequel nous situerons plusieurs espaces théoriques. Ces espaces seront caractérisés par leurs éléments constitutifs. A partir de ces éléments, nous étudierons leurs réseaux de relations, leurs frontières, leurs superpositions.

Ainsi, nous avons déjà fréquemment fait référence à un champ de l’expérience et un champ symbolique.

Le champ de l’expérience pourrait correspondre à ce que Paul WATZLAWICK [5] nommerait une réalité première ou une réalité objective. Cette réalité n’est pas celle que nous percevons et à partir de laquelle nous nous représentons le monde, mais c’est celle dans laquelle se déroulent les actions. L’importance de la qualification de ce champ comme étant celui des actions et le risque d’une confusion avec d’autres définitions de l’expérience nous amène à préciser les limites de son emploi à une sphère opératoire. La sphère opératoire sera l’espace temps des actions des acteurs sur les objets du contenu au travers du média.

Le champ symbolique s’oppose au champ de l’expérience en tant que lieu de représentation, d’organisation de symboles. Mais nous avons signalé que les termes de représentation et de symbole pouvaient être sujet à diverses interprétations qui sortent du cadre médiologique dans lequel nous inscrivons notre démarche.

Nous limitons notre approche aux traces produites par la médiation au travers d’un énoncé.

Au travers de nos hypothèses, nous postulerons que dans les médiations interactives, le champ de l’expérience et le champ symbolique sont liés par des processus circulaires et des reflets de l’un dans l’autre. L’efficacité de ces dispositifs est liée à l’indétermination auto-référentielle de ces deux sphères. L'interactivité produit des analogies entre les actions des deux sphères (action effective et action représentée) qui rompent l’indétermination auto-référentielle de chacune des sphères. L'efficacité de l'interactivité de ces dispositifs médiatiques fonctionnerait par un transfert symbolique de la sphère opératoire vers la sphère symbolique ou un transfert indiciel de la sphère symbolique vers la sphère opératoire. Ces types de transfert rompent la frontière entre la sphère opératoire et la sphère symbolique. Dans le cadre de notre métaphore territoriale, nous rencontrerons un espace frontière, de transition, de superposition, regroupant par leurs analogies les deux sphères.

<<précédent

Introduction 2/6

suivant>>

©Vincent Mabillot 1999-2003