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Spécial Thèse


Première partie:

Les médiations interactives

1Médias et technologies des communications interactives
2 Dimensions des médiations interactives
3 Interactivité et processus énonciatifs

 

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2.2 Relations entre les différentes dimensions

        1. Entre Acteurs et Médias, les prédispositions de la transmission
        2. Entre l’acteur et le média de nombreux processus organisent leurs liens de médiation. Le plus visible est un rapport fonctionnel (opératoire), celui de l’investissement et de la manipulation de l’interface.

          Tout d’abord il faut que l’acteur institue l’espace de médiation comme lieu de représentation symbolique. Il l’institue non pas par reconnaissance, mais par usage de celui-ci en tant que tel. C’est parce que j’allume la radio que se crée un espace de médiation par radiodiffusion. Tant que je n’active pas la radio, elle n’est qu’un objet. L’objet d’un contenu, d’une représentation qui fait que si j’agis sur cet objet, je vais créer ou modifier l’espace de médiation. La lampe de Marshall MAC LUHAN [21] change le monde, parce que quelqu’un l’allume. Pour autant, ceci ne suffit pas à en faire un média, car le fait d’éclairer ne transforme pas forcément en lieu de représentations symboliques.

          Cette transformation se fait au niveau de l’acteur par un travail psychique de symbolisation selon l’expression de Serge TISSERON [3]. Cette transformation correspond à la construction de représentations mentales. La particularité du passage entre l’univers Acteurs et l’univers Médias, c’est un transfert entre des dynamiques de la représentation mentale interne et la matérialisation de ces représentations. C’est un jeu de conversion de l’idéel en matériel. C’est par ce biais que l’acteur institue le média en lui attribuant cette qualité de convertisseur.

          Cette qualité est visible au niveau de l’usage par la mise en œuvre de processus de lecture et d’écriture (de consommation ou de production de contenu). Lecture et écriture sont les processus opératoires qui marquent la symbolisation (ou la transmission). Ce sont ces processus que le médiologue est en mesure de saisir, d’observer au travers des actes qu’ils nécessitent.

          Si le média est de l’ordre du spatial et l’acteur de l’ordre de l’historique, la pertinence médiologique sera d’observer l’histoire des changements de positions. C’est donc dans les observations de ce qui constitue la grande et la petite histoire de l’usage que l’on peut apercevoir la mise en scène de la médiation. Les études de Jacques PERRIAULT [24], montrent que si les de nouvelles techniques de médiation définissent de nouvelles configurations, c’est par la réussite des transferts de l’histoire de l’usage culturel des techniques antérieures que passe leur adoption.

        3. Entre Médias et Contenus, les parcours du signe
        4. Entre contenu et média se structure le signe. Cette transformation est une perte dans la mesure où le signe n’est jamais la chose dans toutes ses dimensions. C’est aussi un gain, parce qu’il n’est plus la chose il devient mobile, transportable et associable à d’autres signes appartenant à une autre réalité.

          Traditionnellement on distingue le rapport du signe à son référent comme analogique ou digital : Analogique, le signe conserve certaines dimensions du référent comme la forme, la couleur, la taille, le volume… Le rapport entre le signe et son référent est direct, il y a entre eux un rapport d’identité, d’homologie. Dans l’univers digital, la relation entre le signe et son référent devient indirecte. Elle est le produit d’un codage.

          Cette différenciation des signes qui oppose, par exemple, l’image et le langage est valable pour tous les contenus, mais cet état du signe peut changer de statut selon qu’on l’appréhende du point de vue de l’acteur ou de celui du média. Par exemple, une image sur l’écran d’un ordinateur est pour la machine un contenu digital (elle est numérisée) alors que pour celui qui la regarde elle garde ses propriétés analogiques. Le rapport entre le média et le contenu est un rapport technique de la capacité de représentation du dispositif.

          En fait au niveau technique, les contenus analogiques abandonnant une part de leur dimension ne perdent-ils pas leur qualité d’analogique ? Est-ce que ce qui caractérise le passage du contenu au signe, ce n’est pas justement la perte d’identité dimensionnelle ? Cette transformation détache irrémédiablement le signe de son référent, elle crée donc une incertitude sur le lien qui les unit mais elle gagne en créant un nouveau type de contenu, un contenu médiatisé. A défaut du contenu lui-même, j’ai un modèle du contenu.

          La particularité du média est donc de produire des modèles de contenus qui comme tous modèles permettent de virtualiser, de simuler le réel. La différence se situe alors sur la structure et la maniabilité de ces modèles accessibles au niveau du rapport opératoire entre acteur et média. C’est à dire que l’on aura des représentation-signes caractérisées par leur forme spatiale et temporelle conjointe avec leur mode de lecture ou d’écriture.

          La médiatisation d’un contenu institue les signes comme des objets. Les règles et les propriétés fonctionnelles de la techniques vont les réunir comme un potentiel de monde possible qui sera réalisé dans l’usage. Le rapport entre média et contenu est " syntactique "(Jean Pierre BALPE [70]), il n’a pas encore de valeur pragmatique ou sémantique.

        5. Entre Acteurs et Contenus, les mythes de la représentation
        6. La liaison entre contenus et acteurs, est celle de la représentation mentale. Serge TISSERON dans une critique de " La Contagion Des Idées " (Dan SPERBER, 1996) [4], propose de parler de la représentation en ces termes : " C’est le résultat d’un travail psychique qui fait " également " intervenir des émotions –prises dans la socialisation- et des comportements " sensori-affectivo-moteurs ". […] La représentation n’est pas le résultat du travail psychique d’assimilation du monde. Elle est ce travail même " [3].

          La représentation mentale est d’ordre psychique et culturel. Au niveau psychique, elle est individuelle et construite dans l’expérience sensorielle intéroceptive et extéroceptive.

          Au niveau culturel, elle est construite dans l’expérience sociale, " elle s’appuie sur les médiations culturelles que sont l’ensemble des objets, des habitus, des traditions dans lesquelles le sujet est pris lui-même comme éléments d’un plus vaste ensemble ". [3]

          Dans cette conception, la représentation est à la fois individuelle et sociale. De plus, elle n’est pas figée. En permanence la représentation peut-être réactualisée par l’expérience de l’acteur. Les représentations se structurent les unes sur et avec les autres. C’est là qu’intervient l’importance des médiations (collectives et individuelles) car c’est à partir d’elles que s’extériorisent et se réorganisent les représentations par des processus de symbolisation. Ces processus vont faire que les représentations seront assimilées ou incorporées. La différence entre les deux, c’est que les secondes sont restées " en souffrance de symbolisation " [3]. La conséquence est qu’elles ne sont pas intégrées dans la personnalité de l’acteur, elles appartiennent au no man’s land de l’impensé. Elles en surgissent par résonance avec certaines configurations psychiques (et par non par raisonnance). C’est de là qu’on peut supposer que jaillissent les dynamiques pulsionnelles, irrationnelles ou intuitives.

        7. La conjonction médiatique

      La médiation est l’espace et le moment concret de la rencontre, le lieu où les mécanismes des trois dimensions se donnent à voir corrélativement. La médiation est l’expression simultanée de dynamiques appartenant aux trois univers.

      Il y a conjonction, ou plutôt contraction des trois dimensions/univers. C’est une situation où l’acteur investit l’environnement média et opère un travail de symbolisation. Le média est le lieu de conversion des différents niveaux de contenus. Il permet de les formater dans une espèce d’unité de valeur actancielle permettant de passer d’un niveau à l’autre.

      La médiation est un lieu de projection. En même temps qu’elle concentre les trois dimensions, elle les transforment leurs valeurs. Elle modifie le champ de l’expérience de l’acteur, crée de nouveaux contenus et augmente la valeur d’usage qui institue le média.

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©Vincent Mabillot 1999-2003