- Les machineries
Derrière cette appellation,
nous regroupons tout ce qui peut être associé
à des acteurs internes. Il nous semble nécessaire
de distinguer deux instances: la régie et la
machine à jouer.
La régie est l'instance de
finalisation du contenu diffusé. Elle mixe
les différentes sources de la médiation
et les condense. Même si c'est elle qui au final
formate l'aspect de la diffusion, dans son déroulement
elle est en interaction avec les animateurs et partage
avec eux le rythme et le déroulement de l'émission.
Au travers des différentes séquences,
on perçoit le jeu qui s'installe entre ses
différents acteurs, d'une part au travers des
regards que les animateurs adressent hors champ et
d'autre part avec la mise en scène et la gestion
du plateau.
La machine à jouer à
elle un statut particulier. En tant que personnage,
elle est un univers, le Jeu des Jeux. Elle
est à la fois l'objet de l'émission
et un élément de construction du discours
par l'acteur régie. Parallèlement, elle
est le lieu d'interaction avec le joueur et le principe
même de l'identité de l'émission.
Le construit de la régie n'est pas interactif,
le jeu par contre fait fonctionner ce type de médiation.
Par contre, il ne peut être une émission
sans la mise en scène organisée en régie
et sur le plateau.
Une des difficultés de gestion
de cette médiation est de faire coopérer
deux méta-acteurs parfois aux finalités
médiatiques antagonistes. A ce niveau les animateurs
et Kiki deviennent des personnages permettant d'effectuer
des relais et des transferts entre les deux dispositifs
de production de discours.
On peut résumé l'environnement
opératoire régie à une perception
multi-canal des différents espaces opératoires
des autres acteurs et une action sur l'interface à
partir de technique de mixage (gestion des mélanges
sonores et visuelle) et de pilotage (déclenchement
de certaines phases).
L'univers jeu reçoit l'activité
des autres utilisateurs à partir de la transmission
des actions sur les touches de téléphone
ou par activation d'une séquence de puis la
régie. Son action (la production d'une représentation)
est perçue au niveau de la régie.
- Les téléspectateurs
Le téléspectateur est
un acteur passif par excellence d'un dispositif interactif.
Mais dans le cas présent, il est le destinataire
type de la médiation.
La dichotomie observée au
niveau de la machinerie se retrouve en partie dans
l'opposition paradoxale entre le joueur et le téléspectateur.
Pour rendre l'émission interactive, il faut
que le joueur soit un téléspectateur.
Mais tous les téléspectateurs ne peuvent
pas être joueur. La mise en scène vise
donc à produire plusieurs effets de transfert
devant permettre au téléspectateur de
s'identifier au joueur au travers des différents
attributs des personnages joués par celui-ci.
Parallèlement, nous avons montré que
les animateurs servaient aussi de modèle identificatoire
de la position "idéale" du spectateur lors
des phases de jeu.
En même temps, les concepteurs
et producteurs du jeu mesurent certainement que ces
différents artifices ont leurs limites. Ainsi
la médiation interactive est "armée"
pour s'insérer dans un format plus télévisuel.
Par exemple, la notion de durée n'est pas la
même pour le joueur et le téléspectateur.
Si l'on prend en compte, les phénomènes
d'appropriation de son rôle, le joueur pourrait
passer plus de temps avec le jeu, au moins jusqu'à
une maîtrise parfaite du fonctionnement de l'interface.
Cette adaptation à la technologie met au second
plan dans un premier temps, l'importance du scénario.
Pour le téléspectateur, le contenu prend
beaucoup plus vite de l'importance. Les bégaiements
techniques du joueur sont pour lui plus des ratés,
une faiblesse d'interprétation qu'un contenu
en soi. Or pour accélérer la maîtrise
du scénario, celui-ci est relativement simpliste
(et donc vite assimilé par les "lecteurs").
La mise en scène au service
du téléspectateur consiste donc à
adapter le Jeu des Jeux à une communication,
un format plus télévisuel. Les séquences
de jeux sont donc très courtes et pour pouvoir
les rendre jouable un minimum, les animateurs doivent
assister et conseiller le joueur.
- La scène opératoire